L’Ukraine face à la guerre

L'Ukraine face à la guerre

Depuis que je suis étudiante j’ai plaisir à voyager en train. Ce mode de déplacement m’offre le temps de contempler, de lire et de me reposer. Mes trajets sont également l’occasion de rencontrer des inconnus, de se laisser surprendre par une conversation impromptue ou un évènement improbable. Dernièrement j’apprécie de passer le temps en culture entre deux correspondances. Ainsi mon dernier transite sur Paris a été l’occasion de découvrir deux expositions photographiques. L’une était installée sur les grilles à l’extérieur de la gare et la seconde était présentée dans le hall Alsace. La première m’a saisie alors que je me rendais à la gare du Nord. Il faut reconnaître que ce type d’évènement propose un réel dynamisme au sein des gares. Je salue ici les initiatives du pôle SNCF Gares et Connexions. Petit voyage au cœur de l’Ukraine face à la guerre.

« L’Ukraine en guerre, sous le regard de six photographes »

Cette exposition propose six regards sur le conflit engageant la Fédération de Russie et les forces Ukrainiennes. J’ai découvert le travail de Maxim Dondyuk, Olexandr Glyadelov, Alena Grom, Gaëlle Girbes, Laurence Geai et Guillaume Herbaut. C’est à ce dernier qu’a été attribué le commissariat de l’exposition.

Si chaque photographe donne une tonalité étonnamment délicate d’une guerre meurtrière, certaines photographies m’ont particulièrement touchées. La série « Stolen Spring » de l’artiste ukrainienne Alena Grom oscille entre réalité brute, poésie et décalage. Cette série présente des jeunes femmes photographiées dans l’espace urbain bombardé mise en scène devant un fond quasi bucolique. Elles sont d’une dignité absolue devant ces décors fleuris et colorés tandis que derrière elles tous semble s’être effondré, dévasté.

Alena Grom "Stolen Spring"
Stolen Spring -Irina - Photo d'Alena Grom extrait de son site

Peut-être aurez vous la possibilité de voir ces œuvres remarquables lors d’un prochain passage à la gare de l’est. En écrivant ces lignes j’ai encore en tête cette image d’un char au beau milieu d’un champ saupoudré de neige. Un sentiment de calme mêlé d’une inquiétante étrangeté ce dégageait de cette photographie. Comme si cette arme puissante vivait quelque chose d’une solitude, d’une tristesse ou d’un isolement profond.

Alors que je découvrais pas à pas les extraits de vies, passait le métro, faisant vibrer le sol sous mes pieds. Devant moi s’affichait des militaires, regard au loin sur un hors champ en attente, prêt à agir au moindre signe. Le vrombissement sous terrain me donnait la sensation qu’une infernale machine se déplaçait, invisible mais là, quelque part.

Plusieurs semaines après ces œuvres sont encore vivantes dans ma mémoire. Témoignages humbles de ces vies heurtées de plein fouet par la terreur et la violence. Hommage empreint de dignité à ces êtres humains dont le présent est fait de résistance et de lutte. Une plongée efficace et percutante dans l’Ukraine face à la guerre

Tout Quitter, tout reconstruire, portraits de réfugiés en France.

Quelques jours plus tard sur le chemin du retour le hall d’Alsace me réservait un second volet de cette mise en lumière de ce conflit. Cette exposition résulte de la collaboration entre l’agence de photoreportage Magnum Photo et Sncf Gares et Connexions. Elle a été initiée par la Croix Rouge et donne une visibilité à plusieurs réfugiés ukrainiens installés en France. Ainsi on y découvre des visages qui sourient ou s’évadent et derrière eux des vies qui tentent de se reconstruire. Ils ont afflué par milliers dans cette gare alors que la guerre ravageait leur territoire. Alors la Croix Rouge avait été la réponse à leur errance. À leur arrivé cette association avait été leur orientation. Au fil des mois qui suivirent les membres de la Croix rouge les ont aidés à trouver de quoi repartir à zéro et avancer.

 

Aujourd’hui William Keo de l’agence Magnum a saisie des portraits émouvant et vivant. Ils dialoguent avec des photos de la vie qu’ils ont abandonné, du pays qu’ils ont quitté. Ainsi cette exposition propose un regard pudique sur l’Ukraine face à la guerre. Cette lecture permet un changement de focal par rapport aux images violentes qui inondent les médias et sature notre capacité empathique. Toute en subtilité elle nous invite à ne pas détourner les yeux et à voir toute la force et la puissance d’une main tendue.

 

Depuis 160 ans la Croix Rouge se bat pour que les crises qui bouleversent le monde ne reste pas invisibles et sans recours. Cette proposition photographique nous invite également à nous interroger sur notre propre quotidien. En point de suspension se trace cet inconnu : et si une crise frappait à notre porte demain ?

 

 

Vous pouvez découvrir toutes les images sur le site de la Croix Rouge Française.

Tout Quitter, tout reconstruire, portraits de réfugiés en France.

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